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A la prostitutée

  • Etienne Marty
  • Oct 2, 2015
  • 2 min read

Much Loved de Nabil Ayouch.

Informations générales concernant le film:

Genre: Drame

Durée: 1h48

Sortie Initiale : mai 2015

Acteurs Principaux: Loubna Abidar, Asmaa Lazrak, Halima Karaouane, Abdellah Didane,

Réalisateur: Nabil Ayouch (franco-marocain). C'est son 10ème film.

« Le dernier black lui a éclaté la chatte ! Elle était en sang ». Vulgaire peut apparaître cette réplique que l'on trouve au début du film de Nabil Ayouch. Et pourtant, elle n'est qu'une goutte de sueur minuscule dans la transpiration de violence qu'est ce film.

Racontant le quotidien de prostituées dans la ville de Marrakech, le réalisateur confronte tout au long du film le spectateur à la violence, qu'elle soit verbale, physique ou sexuelle. En effet, il n'hésite pas à laisser s'éterniser des scènes de sexe, rappelant parfois La vie d'Adèle, d'Abdellatif Kechiche, mais où l'amour a cette fois laissé place au viol pur et simple.

La bande de prostituées, emmenée par la Lubna Abidar (Noha dans le film), immerge efficacement le spectateur dans son quotidien nocturne et dangereux sans pour autant parvenir à lui faire susciter une quelconque empathie : peut-être n'est-ce pas la volonté du réalisateur lui-même qui multiplie les plans rapprochés de face, où l'on voit déambuler un personnage, mais sans qu'une relation puisse s'établir entre lui et nous. Sans doute le manque de connaissances sur le passé des personnages, ou leur manque de profondeur tout simplement, y est aussi pour quelque chose.


Ce film ne cache par ailleurs pas ses intentions politiques : est dépeint avec un réalisme (que certains trouveraient abject) la prostitution à Marrakech : que ce soit à travers les soirées organisées par de riches Saoudiens venus dilapider à la fois leur frustration sexuelle et leur argent, la bestialité des dialogues ou le rappel (bref et maladroit dans le film) que la prostitution concerne aussi des enfants qui se vendent pour quelques dirhams, tout est pensé pour susciter le dégoût chez le spectateur.

Le film ne se veut cependant pas manichéen : il n'y aurait pas d'un côté les pauvres victimes de la prostitution (les prostitué(e)s elles-mêmes) et de l'autre les clients inhumains et dérangés sexuellement. Nabil Ayouch montre bien comment une prostituée peut jouer avec un client perdu et éperdument amoureux d'elle pour lui soutirer tout ce qu'il a de fluide non pas sexuel mais financier.


Les nuits sont longues pour les prostituées de Marrakech. Le film de Nabil Ayouch l'est aussi. Même si l'on reçoit une claque quand on voit ce film, il est clair que le choc et la douleur s'estompent au bout des premières scènes : seule l'indignation persiste dans les esprits, mais cela sans susciter une véritable prise de conscience.

La crédibilité des acteurs et des scènes décrites est indéniable, mais cela ne suffit pas pour faire un bon film : l'histoire doit transcender le spectateur pour qu'il puisse dépasser le stade du simple dégoût.


Un message à l'attention de la jeunesse marocaine semble tout de même poindre à la fin du film : voulons-nous vraiment que cette réalité nous survive ?


E. M.

 
 
 

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