Easy... Oh, easy...

Informations générales concernant le film:

Genre : Drame, Romance Durée : 2h04 Sortie : 21 octobre 2015

Acteurs Principaux : Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild le Besco

Réalisateur : Maïwenn (française), âgée seulement de 39 ans. C'est son 4ème long-métrage.

Au début du film, tout semble bien trop calme : des montagnes, blanches et souriantes brillent dans le lointain paysage alpin. Une femme demeure, en haut d'une piste de ski, le visage fermé, les yeux invisibles sous des lunettes noires. Elle se lance énergiquement, commence à descendre la piste et soudain... « Maman!! » : elle tombe. Le bilan est sans appel : rupture des ligaments croisés, le genou en vrac. La scène suivante, la femme est assise dans un fauteuil roulant, face à une psychologue. « Qu'est-ce qui s'est passé, Madame ? ». Telle est la première question que lui pose cette-dernière, sans autre forme d'amabilités. Stupide question, vous ne trouvez pas ? Elle doit pourtant savoir que le femme qui est en fauteuil roulant devant s'est juste pété le genou non ? Pourtant, la femme se met à pleurer. Elle, seule, sait comment elle en est arrivée là.

C'est alors le temps du récit. Le film alterne entre les souvenirs de cette femme, Tony, jouée par Emmanuelle Bercot, et sa période de rééducation dans le centre spécialisé. On revit à travers ses souvenirs la naissance, puis l'évolution et enfin le terme de sa relation amoureuse tumultueuse avec Giorgio, joué par Vincent Cassel. Parallèlement, on la voit se remettre petit à petit de son accident au genou dans le centre de rééducation. C'est aussi le moment pour elle de cicatriser de cet amour qui l'a détruite de l'intérieur jusqu'à ce que son genou en vienne même à se briser...

La puissance émotionnelle de ce film est intranscriptible, et il serait vain de l'aborder ici de manière frontale. La réalisation est tout simplement esthétique, le jeu d'acteur, poétique. Emmanuelle Bercot est insaisissable, ses yeux noirs illuminent le film de leur animalité. Vincent Cassel est quant à lui inégalable dans son rôle : une couronne semble lui ceindre la tête de la première à la dernière scène du film. Mais n'oublions pas aussi Louis Garrel, et Norman (oui c'est bien lui), qui font partie du casting et viennent donner du caractère, de la force aux second rôles.

Parmi les critiques les plus récurrentes adressées à Mon Roi, on trouve souvent celle du manque d'originalité du sujet traité : mettre en scène une relation amoureuse passionnée et dévorante, entre 2 individus aux personnalités antagonistes, « pas très original » disent certains. J'entends aussi que l'histoire tourne en rond, que l'effet de surprise est limité et que 2 heures et 4 minutes de film c'est trop. Pas faux, vous répondrai-je. Mais je crois que ce qui fait l'intérêt de ce film c'est justement qu'il ne cherche pas à mentir au spectateur, en idéalisant la relation. Oui parfois il est caricatural. Mais les clichés ne naissent pas par hasard ; croyez-vous vraiment que la relation destructrice dont Maïwenn dresse le portait dans son film est un piège dans lequel vous ne tomberez jamais ? Que vous êtes au-dessus de tout ça ? Mécanique sentiment de supériorité : le film ébranlera vos certitudes.

Et si malgré cet article, que je ne voulais pas explicite, vous hésitez encore à aller voir Mon Roi, alors je ne vois que la bande-annonce du film, à la fois majestueuse et simple, pour réussir à corrompre votre indifférence. Et peut-être l'Épilogue qui suit...

E. Marty

Épilogue

https://www.youtube.com/watch?v=gXhTQX8x-iM

Une boîte de nuit parisienne, un soir vers la fin de l'hiver. Elle est avec son frère et la copine de ce- dernier, mais reste un peu à l'écart. Lui, est avec sa bande de potes à l'autre bout de la salle: pourtant elle l'a remarqué... Elle a la bouche ouverte tandis qu'elle le regarde, elle boit le bleu de ses yeux contenant la passion qui s'instille... « Easy... ».

C'est des corps qui s'agitent des bras qui se tendent des têtes qui se penchent...

« Easy... »

Elle le fixe sauvagement à travers les visages, les figures. Elle ne voit plus que le sien. L'attraction est si forte qu'elle s'approche sans s'en rendre compte. « Pull out your heart To make the being alone

Easy »

Les couleurs de la piste se superposent et s'irisent. La chaleur emplit l'espace tandis que son esprit se vide de sens : elle n'écoute que son cœur fasciné par les yeux de cet homme qui enflamment ce sur quoi ils se posent : et ils se posent sur elle. « Oh Easy... »

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